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histoire du vizir noureddine…
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d’entrer dans la boutique d’un pâtissier dans le souk et surtout de manger, comme ça, publiquement ! Ah ! non ! Toutefois, si c’est par crainte de ces vauriens et de ces gens qui te suivent que tu veux entrer dans cette boutique, je saurai bien les éloigner et te défendre contre eux avec ce bon fouet ! Quant à entrer dans la boutique, non, vraiment, jamais ! »

Aux paroles de l’eunuque, le pâtissier Hassan Badreddine fut très affecté, et il se tourna vers l’eunuque avec les yeux pleins de larmes et les joues inondées, et lui dit : « Ô grand ! pourquoi ne veux-tu point compatir et me faire ce plaisir d’entrer dans ma boutique ? Ô toi qui es noir comme la châtaigne, mais blanc intérieurement comme elle ! ô toi qu’ont louangé tous nos poètes par des vers admirables, je puis te révéler le secret de devenir aussi blanc au dehors que tu l’es au dedans ! » Alors le brave eunuque se mit à rire beaucoup et s’écria : « Vraiment ? Vraiment ? Tu le peux ? Et comment donc ? Par Allah ! hâte-toi de me le dire ! » Aussitôt Hassan Badreddine lui récita d’admirables vers à la louange des eunuques :

C’est sa politesse exquise et la douceur de ses manières et sa noblesse de maintien qui l’ont mis comme le gardien respecté des maisons des rois !

Pour le harem, quel incomparable serviteur n’est-il point ! À cause de sa gentillesse, les anges du ciel, à leur tour, descendent pour le servir !

Ces vers étaient, en effet, si merveilleux et si bien