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les mille nuits et une nuit

mariée s’arrêta devant le beau Hassan, pour lequel elle fut à l’instant consumée d’ardeur, et s’écria en levant les mains au ciel : « Allahoumma ! fais que ce beau garçon devienne mon époux ! Et débarrasse-moi de ce palefrenier bossu ! »

Alors Hassan Badreddine, selon l’avis du genni, plongea la main dans sa poche et la retira pleine d’or, et jeta l’or par poignées aux suivantes de Sett El-Hosn et aux danseurs et aux chanteuses, qui s’écrièrent : « Ah ! puisses-tu posséder, toi, la mariée ! » Et Badreddine sourit gentiment à ce souhait et à leurs compliments.

Quant au bossu, durant toute cette scène, il était délaissé avec mépris, et il siégeait tout seul, aussi laid qu’un singe. Et toutes les personnes qui s’approchaient par hasard de lui, en passant près de lui, éteignaient leur chandelle pour se moquer de lui. Et il resta ainsi tout le temps à se morfondre et à se faire du mauvais sang en son âme. Et toutes les femmes ricanaient en le regardant, et lui décochaient des plaisanteries salées. L’une lui disait : « Singe ! tu pourras te masturber à sec et copuler avec l’air ! » L’autre lui disait : « Vois ! tu es à peine aussi gros que le zebb de notre beau maître ! Et tes deux bosses sont juste la mesure de ses œufs ! » Une troisième disait : « S’il te donnait un coup avec son zebb, il t’enverrait à l’écurie sur ton derrière ! » Et tout le monde riait.

Quant à la nouvelle mariée, sept fois de suite, et chaque fois vêtue d’une façon différente, elle fit le tour de la salle, suivie de toutes les dames ; et elle s’arrêtait, après chaque tour, devant Hassan Badred-