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les mille nuits et une nuit

en plus de la mort de ton père le vizir Noureddine que je respectais et qui m’aimait aussi et m’estimait. Mais qu’Allah l’ait en sa sainte miséricorde ! » Mais le jeune Hassan Badreddine ne voulut pas lui dire le motif exact de son changement de mine, et lui répondit : « Comme j’étais endormi, cette après-midi, dans mon lit, à la maison, soudain, dans mon sommeil, je vis mon défunt père m’apparaître et me reprocher sévèrement mon peu d’empressement à visiter sa turbeh. Alors, moi, plein de terreur et de regrets, je me réveillai en sursaut et, tout bouleversé, j’accourus ici en toute hâte. Et tu me vois encore sous cette impression pénible. »

Alors le Juif lui dit : « Mon seigneur, il y a déjà quelque temps que je devais aller te voir pour te parler d’une affaire ; mais le sort aujourd’hui me favorise, puisque je te rencontre. Sache donc, mon jeune seigneur, que le vizir ton père, avec qui j’étais en affaires, avait envoyé au loin des navires qui maintenant reviennent chargés de marchandises en son nom. Si donc tu voulais me céder le chargement de ces navires, je t’offrirais mille dinars pour chaque chargement, et je te les paierais au comptant, sur l’heure. »

Et le Juif tira de sa robe une bourse remplie d’or, compta mille dinars, et les offrit aussitôt au jeune Hassan, qui ne manqua pas d’accepter cette offre, voulue par Allah pour le tirer de l’état de dénûment où il était. Puis le Juif ajouta : « Maintenant, mon seigneur, écris-moi ce papier pour le reçu et appose dessus ton sceau ! » Alors Hassan Badreddine prit le papier que lui tendait le Juif, et le ro-