Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du vizir noureddine…
271

était, et sans rien prendre avec lui, sortit en toute hâte, après avoir relevé les pans de sa robe au-dessus de sa tête pour qu’on ne le reconnût pas. Et il se mit à marcher jusqu’à ce qu’il fût hors de la ville.

Quant aux habitants de Bassra, à la nouvelle de l’arrestation projetée du jeune Hassan Badreddine, fils du défunt Noureddine le vizir, de la confiscation de ses biens et de sa mort probable, ils furent tous dans la plus grande affliction et se mirent à dire : « Ô quel dommage pour sa beauté et pour sa charmante personne ! » Et, en traversant les rues sans être reconnu, le jeune Hassan entendit ces regrets et ces exclamations. Mais il se hâta encore davantage et continua à marcher encore plus vite jusqu’à ce que le sort et la destinée fissent que justement il passât à côté du cimetière où était la turbeh[1] de son père. Alors il entra dans le cimetière, et se dirigea entre les tombes, et parvint à la turbeh de son père. Alors seulement il abaissa sa robe, dont il s’était couvert la tête, et entra sous le dôme de la turbeh et résolut d’y passer la nuit.

Or, pendant qu’il était la assis en proie à ses pensées, il vit venir à lui un Juif de Bassra, qui était un marchand fort connu de toute la ville. Ce marchand juif revenait d’un village voisin et regagnait la ville. En passant auprès de la turbeh de Noureddine, il regarda à l’intérieur et vit le jeune Hassan Badreddine, qu’il reconnut aussitôt. Alors il entra, s’approcha de lui respectueusement et lui dit : « Mon seigneur, oh ! comme tu as la mine défaite et changée, toi si beau ! Un malheur nouveau te serait-il arrivé

  1. Tombe.