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les mille nuits et une nuit

jeune homme, comme tu vois ; et, moi, je me fais vieux, et aussi un peu sourd, et inattentif aux affaires du royaume. Je viens donc demander à mon suzerain le sultan de vouloir bien agréer mon neveu, qui est en même temps mon gendre, comme mon successeur au vizirat ! Et je puis t’assurer qu’il est vraiment digne d’être ton vizir, car il est homme de bon conseil, fertile en idées excellentes et très versé dans la manière de conduire les affaires ! »

Alors le sultan regarda encore mieux le jeune Noureddine, et il fut charmé de cet examen, et agréa le conseil de son vieux vizir, et, sans plus tarder, il nomma Noureddine comme grand vizir à la place de son beau-père, et lui fit présent d’une robe d’honneur magnifique, la plus belle qu’il put trouver, et d’une mule de ses propres écuries, et lui désigna ses gardes et ses chambellans.

Noureddine baisa alors la main du sultan, et sortit avec son beau-père, et tous deux revinrent à leur maison au comble de la joie, et allèrent embrasser le nouveau-né Hassan Badreddine et dirent : « La venue au monde de cet enfant nous a porté bonheur ! »

Le lendemain, Noureddine alla au palais pour remplir ses nouvelles fonctions, et, en arrivant, il baisa la terre entre les mains du sultan et il récita ces deux strophes :

Pour toi les félicités sont tous les jours nouvelles, et les prospérités aussi ! et si bien que l’envieux en a séché de dépit !

Oh ! pour toi puissent tous les jours être blancs ; et noirs les jours de tous les envieux !