Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du vizir noureddine…
263

sur les beautés de la littérature, il récita au sultan ces vers du poète :

C’est lui devant qui le plus grand des bienfaiteurs s’incline et s’efface ; car il a gagné le cœur de tous les êtres d’élection !

Je chante ses œuvres, car ce ne sont pas des œuvres, mais des choses si belles qu’on devrait pouvoir en faire un collier qui ornerait le cou !

Et si je baise le bout de ses doigts, c’est que ce ne sont plus des doigts, mais les clefs de tous les bienfaits.

Le sultan, ravi de ces vers, fut fort généreux de dons à l’égard de Noureddine et du vizir, son beau-père, sans savoir un mot du mariage de Noureddine, ni même de son existence ; car il demanda au vizir, après avoir complimenté Noureddine pour ses beaux vers : « Qui est donc ce jeune homme éloquent et beau ? »

Alors le vizir raconta l’histoire au sultan depuis le commencement jusqu’à la fin, et lui dit : « Ce jeune homme est mon neveu ! » Et le sultan lui dit : « Comment se fait-il que je n’en aie pas encore entendu parler ? » Le vizir dit : « Ô mon seigneur et suzerain, je dois te dire que j’avais un frère vizir à la cour d’Égypte. À sa mort, il laissa deux fils dont l’aîné devint vizir à la place de mon frère, tandis que le second, que voici, vint me voir, car j’avais promis et juré à son père de donner ma fille en mariage à l’un de mes neveux. Aussi, à peine était-il arrivé que je le mariais avec ma fille ! C’est un