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les mille nuits et une nuit

vais, et les larmes me vinrent et je pleurai, et je récitai ces strophes :

Vous avez allumé la passion dans mes entrailles, pour ensuite rester froid ! Vous avez fait veiller mes yeux durant de longues nuits, pour ensuite vous endormir !

Mais moi ! Je vous avais mis dans un lieu situé entre mon cœur et mes yeux ! Aussi comment mon cœur pourrait-il vous oublier, ou mes yeux cesser de vous pleurer ?…

Vous m’aviez juré une constance inépuisable ; mais à peine aviez-vous conquis mon cœur que vous vous êtes repris !

Et maintenant vous ne voulez point prendre ce cœur en pitié ni compatir à ma tristesse ! N’êtes-vous donc né que pour causer mon malheur et celui de toute jeunesse ?

— Oh ! mes amis, je vous conjure par Allah ! quand je mourrai, écrivez sur la pierre de ma tombe : « Ici est un grand coupable ! Il a aimé ! »

— De la sorte, le passant affligé qui connaît les souffrances de l’amour, en regardant ma tombe y jettera un regard de compassion !

Et, ayant terminé ces vers, je pleurai encore. Lorsqu’il entendit mes vers et vit mes larmes, mon époux fut encore plus furieux et plus excité, et il me dit ces stances :

Si j’ai quitté celui qu’aimait mon cœur, ce n’est