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les mille nuits et une nuit

le plus doux et le plus fin ? » Alors je lui dis : « Lorsque, avec ta permission, je suis sortie aujourd’hui pour acheter ces étoffes, un chameau, qu’était chargé de bûches de bois, m’a serrée dans la rue encombrée, et m’a déchiré mon voile et m’a blessée à la joue comme tu vois. Oh ! ces rues étroites de Baghdad ! » Alors il fut plein de colère et me dit : « Dès demain, je vais aller chez le gouverneur et porter plainte contre les chameliers et les bûcherons, et le gouverneur les fera tous pendre jusqu’au dernier ! » Alors, moi, pleine de compassion, je lui dis : « Par Allah sur toi ! ne te charge pas des péchés d’autrui ! D’ailleurs, c’est de ma faute à moi seule, car je suis montée sur un âne qui se mit à ruer et à galoper, et je suis tombée par terre, et par hasard un morceau de bois s’est trouvé là qui m’a écorché la figure et m’a blessée ainsi à la joue ! » Alors il s’écria : « Demain, je vais monter chez Giafar Al-Barmaki, et je lui raconterai cette histoire, et il tuera tous les âniers de cette ville ! » Alors je m’écriai : « Tu vas donc tuer tout le monde à cause de moi ? Sache donc que cela m’est simplement arrivé par la volonté d’Allah et par le Destin qu’il commande ! » À ces paroles, mon époux ne put plus contenir sa fureur, et s’écria : « Ô perfide ! assez de mensonges ! Tu vas endurer la punition de ton crime ! » Et il me traita avec les paroles des plus dures, et frappa le sol du pied, et cria d’une voix forte en appelant : alors la porte s’ouvrit et sept nègres terribles entrèrent, qui m’arrachèrent de mon lit et me jetèrent au milieu de la cour de la maison. Alors mon époux ordonna à l’un des nègres de me tenir par les épaules et de s’asseoir