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histoire du portefaix…
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un nez qui suintait, et le cou de travers. D’ailleurs elle est bien décrite par le poète qui dit :

Cette vieille de mauvais augure ! Si Eblis la voyait, elle lui enseignerait toutes les fraudes, même sans parler, rien que par son silence ! Elle pourrait débrouiller mille mulets têtus qui se seraient embrouillés dans une toile d’araignée, et elle ne déchirerait pas la toile d’araignée ! Elle sait jeter le mauvais sort et commettre toutes les horreurs : elle a chatouillé le cul d’une petite fille, elle a copulé avec une adolescente, elle a forniqué avec une femme mûre, et elle a allumé une vieille femme en l’excitant !

Donc cette vieille entra chez moi et me salua et me dit : « Ô dame pleine de grâces et de qualités ! J’ai chez moi une jeune fille orpheline, et cette nuit est la nuit de ses noces. Et moi je viens te prier — et Allah saura t’accorder la récompense et la rétribution de ta bonté ! — de vouloir nous honorer en assistant aux noces de cette pauvre fille si affligée et si humble, qui ne connaît ici personne et qui n’a pour elle qu’Allah le Très-Haut ! » À ces paroles, la vieille se mit à pleurer et à m’embrasser les pieds. Et moi, qui ne connaissais pas toute sa perfidie, j’eus pitié et compassion d’elle et je lui dis : « J’écoute et j’obéis ! » Alors elle me dit : « Maintenant je vais m’en aller, avec ta permission, et toi, pendant ce temps, prépare-toi et habille-toi, car moi, vers le soir, je reviendrai te prendre. » Puis elle me baisa la main et s’en alla.

Alors, moi, je me levai, et j’allai au hammam, et