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les mille nuits et une nuit

Mais ils ne cessèrent pas d’être assidus à observer leurs pratiques erronées. Et c’est alors qu’un matin, à l’aube, le malheur et la malédiction s’abattirent sur eux du ciel, et ils furent pétrifiés en pierres noires, eux et leurs chevaux et leurs mulets et leurs chameaux et leurs bestiaux ! Et de tous les habitants, moi seul je fus quitte de ce malheur. Car j’étais le seul croyant.

« Et c’est depuis ce jour-là que je me tiens ici dans la prière, le jeûne et la récitation d’Al-Koran.

« Mais, ô dame pleine d’honneur et de perfections, je suis bien las de la solitude où je me trouve, sans avoir auprès de moi personne qui me tienne compagnie humaine ! »

À ces paroles, je lui dis :

« Ô jeune homme plein de qualités, peux-tu venir avec moi dans la ville de Baghdad ? Là, tu trouveras des savants et de vénérables cheikhs versés dans les lois et la religion. Et, en leur compagnie, tu augmenteras encore en science et en connaissance du droit divin. Et moi, bien que je sois une personne de marque, je serai ton esclave et ta chose ! Je suis, en effet, la maîtresse de mes gens, et j’ai sous mes ordres des hommes, des serviteurs et des jeunes garçons ! Et ici j’ai avec moi un navire chargé entièrement de marchandises. Mais le destin nous jeta sur cette côte, et nous fit connaître cette ville, et nous causa cette aventure. Et le sort a voulu ainsi nous réunir ! »

Puis je ne cessai de lui inspirer le désir du départ avec moi, jusqu’à ce qu’il m’eût répondu par l’affirmative. »

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit appa-