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histoire du portefaix…
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verez rien de bon dans le mariage, car l’homme vraiment honnête et bon est une chose bien rare en ce temps-ci ! Et n’avez-vous pas déjà essayé du mariage ? Et oubliez-vous ce que vous y avez trouvé ? »

Mais elles n’écoutèrent pas mes paroles, et voulurent, tout de même, se marier sans mon consentement. Alors je les mariai de mon propre argent et je leur fis le trousseau nécessaire. Puis elles s’en allèrent avec leurs maris.

Mais il y avait à peine quelque temps qu’elles étaient parties, que leurs maris se jouèrent d’elles, et leur prirent tout ce que je leur avais donné, et partirent en les abandonnant. Alors elles revinrent chez moi, toutes nues. Et elles me firent beaucoup d’excuses et me dirent : « Ne nous blâme pas, ô sœur ! Tu es, il est vrai, la plus petite en âge d’entre nous, mais la plus parfaite en raison. Nous te promettons, d’ailleurs, de ne jamais plus dire même le mot mariage. » Alors je leur dis : « Que l’accueil chez moi vous soit hospitalier, ô mes sœurs ! Je n’ai personne de plus cher que vous deux ! » Et je les embrassai, et je les comblai encore davantage de générosité.

Nous demeurâmes en cet état une année entière, après laquelle je songeai à charger un navire de marchandises et partir faire le commerce à Bassra[1]. Et, en effet, je préparai un navire, et je le chargeai de marchandises et d’emplettes et de tout ce qui pouvait m’être nécessaire durant le voyage du navire, et je dis à mes sœurs : « Ô mes sœurs, préférez-vous demeurer dans ma maison pendant tout le temps que durera mon voyage jusqu’à mon retour,

  1. Bassora.