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les mille nuits et une nuit

sœurs je devais choisir, car toutes étaient aussi désirables. Alors je fermai les yeux, je tendis les bras et saisis l’une, et j’ouvris les yeux ; mais je les refermai vite, à cause de l’éblouissement de sa beauté. Elle me tendit alors la main et me conduisit dans son lit. Et je passai toute la nuit avec elle. Je la chargeai quarante fois une charge de chargeur ! et elle aussi ! et elle me disait chaque fois : « Youh ! ô mon œil ! Youh ! ô mon âme ! » Et elle me caressait, et je la mordais, et elle me pinçait, et de la sorte toute la nuit.

Et je continuai de la sorte, ô ma maîtresse, chaque nuit avec l’une des sœurs, et chaque nuit beaucoup d’assauts, de part et d’autre ! Et cela pendant une année entière, dans la dilatation et l’épanouissement. Et, après chaque nuit, au matin, l’adolescente de la nuit prochaine venait à moi, et me conduisait au hammam, et me lavait tout le corps, et me massait énergiquement, et me parfumait avec tous les parfums qu’Allah accorde à ses serviteurs.

Et nous arrivâmes ainsi jusqu’à la fin de l’année. Le matin du dernier jour, je vis toutes les adolescentes accourir vers mon lit, et elles pleuraient beaucoup et se dénouaient les cheveux d’affliction et se lamentaient, puis elles me dirent : « Sache, ô lumière de nos yeux, que nous devons te quitter, comme nous avons quitté les autres avant toi, car tu dois savoir que tu n’es pas le premier, et qu’avant toi beaucoup de chargeurs nous ont montées, comme toi, et nous le firent, comme toi ! Seulement, toi, tu es, en vérité, le sauteur le plus riche en sauts et en mesure de large et de long ! Et aussi tu es certes