Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du portefaix…
181

farci d’amandes, de raisins secs, de noix muscades, de clous de girofle et de poivre, et nous bûmes de l’eau douce et fraîche, et nous mangeâmes des pastèques, des melons, des gâteaux au miel et au beurre, d’une pâtisserie aussi douce et légère qu’une chevelure et où le beurre n’était pas épargné, ni le miel, ni les amandes, ni la cannelle. Et alors, comme la nuit précédente, nous nous couchâmes, et je constatai combien nous étions devenus amis ! Et nous restâmes ainsi dans les plaisirs et la tranquillité jusqu’au quarantième jour.

Alors, comme c’était le dernier jour, et que le joaillier devait venir, le jeune garçon voulut prendre un grand bain, et je chauffai l’eau dans le grand chaudron, j’allumai le bois, puis je versai l’eau chaude dans le grand baquet de cuivre, j’ajoutai de l’eau froide pour la rendre douce et agréable, et le jeune garçon se mit dedans, et je le lavai moi-même, et je le frottai, et je le massai, et je le parfumai, puis je le transportai dans le lit, et je le couvris de la couverture, et je lui entourai la tête d’une étoffe de soie brodée d’argent, et je lui donnai à boire un sorbet délicieux, et il dormit.

Quand il se fut réveillé, il voulut manger, et je choisis la plus belle des pastèques et la plus grosse, je la mis sur un plateau, je plaçai le plateau sur le tapis, et je montai sur le lit pour prendre le grand couteau qui était suspendu au mur au-dessus de la tête du jeune garçon, et le jeune garçon, pour s’amuser, tout à coup me chatouilla la jambe, et je fus tellement sensible que je tombai sur lui malgré moi, et le couteau que j’avais pris s’enfonça