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les mille nuits et une nuit

qu’ils avaient recouvert de terre. Je me mis à enlever de nouveau la terre et à travailler jusqu’à ce que j’eusse mis à découvert le couvercle ; je vis que ce couvercle était en bois de la grosseur d’une meule de moulin ; je l’enlevai tout de même, avec l’aide d’Allah, et je vis, en dessous, un escalier voûté ; je descendis dans cet escalier de pierre, quoique je fusse fort étonné, et je finis par arriver au bas. Au bas, je trouvai une salle spacieuse, tendue de tapis d’une grande valeur et d’étoffes de soie et de velours, et, sur un divan bas, entre des chandelles allumées et des vases pleins de fleurs et des pots remplis de fruits et d’autres remplis de douceurs, le jeune garçon était assis et se faisait de l’air avec un éventail. À ma vue, il fut pris d’une grande frayeur, mais, avec ma voix la plus harmonieuse, je lui dis : « Que la paix soit avec toi ! » Et il me répondit alors, rassuré : « Et sur toi la paix, et la miséricorde d’Allah et ses bénédictions ! » Et je lui dis : « Ô mon seigneur, que la tranquillité soit ton partage ! Tel que je suis, je suis pourtant un fils de roi, et roi moi-même ! Allah m’a conduit vers toi pour que je te délivre de ce lieu souterrain où j’ai vu des gens te faire descendre pour te faire mourir. Et je viens te délivrer. Et tu seras mon ami, car déjà ta vue seulement m’a ravi la raison ! »

Alors le jeune garçon sourit à mes paroles, avec un sourire de ses lèvres, et m’invita à aller m’asseoir à côté de lui sur le divan, et me dit : « Ô seigneur, je ne suis point en cet endroit pour mourir, mais pour éviter la mort. Sache que je suis le fils d’un très grand joaillier connu, dans le monde entier, pour