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les mille nuits et une nuit

et sur ce dôme il y a un cavalier sur un cheval de cuivre ; et à la main de ce cavalier il y a une lance de cuivre ; et sur la poitrine de ce cavalier il y a, suspendue, une plaque de plomb gravée entièrement de noms inconnus et talismaniques ! Or, sache, ô roi, que tant que ce cavalier sera sur ce cheval, tous les navires qui passeront au-dessous seront mis en pièces, et tous les passagers seront perdus à jamais, et tous les fers des navires iront se coller contre la montagne ! Il n’y aura donc point de salut possible avant que ce cavalier ne soit précipité à bas de ce cheval ! »

À ces paroles, ô ma maîtresse, le capitaine se mit à pleurer des pleurs abondants, et nous fûmes certains de notre perte sans recours, et chacun de nous fit ses adieux à ses amis.

Et, en effet, à peine le matin venu, nous fûmes tout proches de cette montagne aux roches noires d’aimant, et les eaux nous entraînèrent de force de son côté. Puis, quand nos dix navires arrivèrent au bas de la montagne, tout d’un coup les clous des navires se mirent à s’envoler par milliers, avec tous les fers, et allèrent se coller sur la montagne ; et nos navires s’entr’ouvrirent, et nous fûmes tous précipités à la mer.

Alors, toute la journée, nous fûmes en la puissance de la mer, et nous fûmes les uns noyés et les autres sauvés, mais la plus grande partie fut noyée ; et ceux qui furent sauvés ne purent jamais ni se connaître ni se retrouver, car les vagues terribles et les vents contraires les dispersèrent de tous côtés.

Quant à moi, ô ma maîtresse, Allah Très-Haut