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les mille nuits et une nuit

elle était trop grosse, elle tomba lourdement sur le marbre et elle se fendit : alors tous les grains s’effritèrent un à un, et couvrirent tout le sol de la cour. Alors le loup se changea en un coq qui se mit à les ramasser du bec et à les avaler un à un, et il ne restait plus qu’un seul grain, que le coq allait aussi avaler, quand tout à coup ce grain tomba du bec du coq, car ainsi le voulaient la fatalité et le destin, et alla se loger dans un interstice, près du bassin, et de telle sorte que le coq ne sut plus où. Alors le coq se mit à crier et à battre des ailes et à nous faire signe du bec ; mais nous ne comprenions point son langage ni ce qu’il nous disait. Alors il jeta un cri si terrible, vers nous qui ne le comprenions pas, qu’il nous sembla que le palais s’était effondré sur nous. Puis le coq se mit à tournoyer au milieu de la cour et à chercher le grain jusqu’à ce qu’il l’eût trouvé dans le trou du bassin, et il se précipita dessus pour le becqueter, quand soudain le grain tomba dans l’eau, au milieu du bassin, et se changea en un poisson qui s’enfonça dans l’eau. Alors le coq se changea en une baleine monstrueuse qui sauta dans l’eau et s’y enfonça à la poursuite du poisson et disparut à nos regards pendant une heure de temps. Au bout de ce temps, nous entendîmes de hauts cris et nous tremblâmes de peur. Et aussitôt nous vîmes apparaître l’éfrit sous sa forme hideuse d’éfrit, mais il était tout en feu comme un charbon ardent, et de sa bouche sortait la flamme, et de ses yeux et de ses narines sortaient la flamme et la fumée ; et derrière lui apparut la jeune fille, sous sa forme de fille du roi, mais elle était toute en feu, comme un métal en