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histoire du portefaix…
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superbe ! Mais je te laisse choisir la variété que tu préfères parmi tous les maux. »

Alors, moi, ô ma maîtresse, je fus réjoui à la limite de la réjouissance en me voyant échapper à la mort. Et cela m’encouragea à abuser de la grâce. Et je lui dis : « Je ne sais vraiment que choisir au milieu de tous les maux ! Je préfère aucun ! » Alors l’éfrit courroucé frappa le sol du pied et s’écria : « Je te dis de choisir ! Ainsi, choisis sous quelle image tu préfères que je t’ensorcelle ! Préfères-tu l’image d’un âne ? Non ! L’image d’un chien ? L’image d’un mulet ? L’image d’un corbeau ? Ou bien l’image d’un singe ? » Alors je lui répondis, toujours en abusant, car j’avais l’espoir d’une grâce complète : « Par Allah ! ô mon maître Georgirus, de la postérité du puissant Eblis ! si tu me fais grâce, Allah te fera grâce ! car il te saura gré du pardon accordé à un homme bon Mouslem, qui ne t’a jamais fait de tort ! » Et je continuai à l’implorer à la limite de la prière, en me tenant humblement debout entre ses mains, et je lui dis : « Tu me condamnes injustement ! » Alors il me répondit : « Assez de paroles comme cela, sinon la mort ! N’abuse donc pas de ma bonté, car il me faut absolument t’ensorceler ! »

À ces paroles, il m’enleva, fendit la coupole et la terre au-dessus de nous, et s’envola avec moi dans les airs, et si haut que je ne voyais plus la terre que sous l’aspect d’une écuelle d’eau. Alors il descendit sur le sommet d’une montagne et m’y déposa ; il prit un peu de terre dans sa main, grommela quelque chose dessus en grognant comme ça : « Hum ! hum ! hum ! », prononça quelques paroles, puis jeta cette