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les mille nuits et une nuit

terre ni sous sa dépendance ! » Là-dessus, ils tuèrent quelques-uns de mes jeunes serviteurs, pendant que, les autres et moi, nous prenions la fuite dans toutes les directions, moi après avoir été blessé d’une blessure énorme. Pendant ce temps, les Arabes du désert s’occupèrent à piller nos richesses et nos cadeaux restés sur le dos des chameaux.

Quant à moi, dans ma fuite, je ne sus plus ni où j’étais, ni ce que je devais faire. Hélas ! naguère encore, j’étais dans les grandeurs, et maintenant dans la misère et la pauvreté ! Et je persistai dans ma fuite jusqu’à ce que je fusse arrivé au sommet d’une montagne, où je trouvai une grotte ; et je pus enfin m’y reposer et passer la nuit.

Le matin, je sortis de la grotte, et je continuai à marcher jusqu’à ce que je fusse arrivé à une ville splendide et prospère, au climat si merveilleux que l’hiver n’avait sur elle aucune prise et que le printemps la couvrait toujours de ses roses. Aussi je me réjouis fort de ma venue en cette ville, surtout dans l’état de fatigue où je me trouvais, accablé que j’étais par la marche et la fuite. Et vraiment j’étais dans un état triste de pâleur. Et j’étais bien changé.

Dans cette ville, je ne savais où me diriger, quand, passant à côté d’un tailleur qui cousait dans sa boutique, j’allai à lui et je lui souhaitai la paix ! Il me rendit mon souhait de paix, et m’invita cordialement à m’asseoir, et m’embrassa, et m’interrogea avec bonté sur la cause qui m’éloignait de mon pays. Alors je lui racontai tout ce qui m’était arrivé, depuis le commencement jusqu’à la fin. Alors il fut très affligé pour moi, et me dit : « Ô tendre jeune homme,