Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du portefaix…
137

Aussi mon nom grandit-il auprès de tous les écrivains. De plus, ma renommée s’étendit dans tous les districts et dans toutes les contrées, et ma valeur fut connue de tous les rois. C’est alors que le roi de l’Inde en entendit parler. Et il envoya prier mon père de m’envoyer auprès de lui, et, en même temps qu’il me demandait, il envoya à mon père des cadeaux somptueux et des présents vraiment dignes des rois. Aussi mon père consentit, et me fit préparer six navires pleins de toutes les choses, et je partis.

Notre voyage par mer dura un mois entier, après quoi nous arrivâmes à une terre. Là, nous débarquâmes nos chevaux, qui étaient avec nous dans les navires, et nos chameaux ; et nous chargeâmes dix de nos chameaux de cadeaux destinés au roi de l’Inde. Mais, à peine étions-nous en marche, qu’un nuage de poussière s’éleva en s’approchant, et couvrit toutes les régions du ciel et de la terre, et dura ainsi pendant une heure de la journée ; puis il se dissipa, et d’en dessous apparurent soixante cavaliers semblables à des lions en courroux. Lorsque nous les eûmes bien regardés, nous vîmes que c’étaient des Arabes du désert, des bandits coupeurs déroutés ! Et lorsqu’ils nous eurent aperçus, alors que nous commencions à fuir et que nous avions avec nous dix charges de cadeaux destinés au roi de l’Inde, ils coururent derrière nous et dirigèrent leur galop, toutes rênes lâchées, de notre côté. Alors, nous, nous leur fîmes des signes avec nos doigts, et nous leur dîmes : « Nous sommes des envoyés pour le puissant roi de l’Inde ! Ne nous faites donc pas de mal ! » Et ils nous dirent : « Nous ne sommes pas sur sa