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les mille nuits et une nuit

Alors le premier qui s’avança fut le portefaix, qui dit : « Ô ma maîtresse, moi, de mon état d’homme, je suis portefaix, rien de plus ! La pourvoyeuse que voici me fit porter une charge et vint ici avec moi. Et il m’est arrivé avec vous autres ce que vous savez fort bien, et que je ne veux pas répéter ici, vous comprenez pourquoi. Et telle est toute mon histoire, car je n’ajouterai pas un mot de plus. Et je vous souhaite la paix ! »

Alors la jeune fille lui dit : « Allons ! porte un peu la main à ta tête pour voir si elle est bien à sa place, lisse tes cheveux et va-t’en ! » Mais le portefaix dit : « Non, par Allah ! je ne m’en irai que lorsque j’aurai entendu le récit de mes compagnons que voici. »

Alors le premier saâlouk d’entre les saâlik s’avança pour raconter son histoire, et dit :



HISTOIRE DU PREMIER SAÂLOUK


« Je vais, ô ma maîtresse, t’apprendre le motif qui m’obligea à raser ma barbe et à perdre mon œil !

Sache donc que mon père était roi. Il avait un frère, et ce frère était roi dans une autre ville. Pour ce qui est de ma naissance, il y eut cette coïncidence que ma mère m’enfanta le jour même de la naissance du fils de mon oncle.

Puis les années passèrent, et puis des années et des jours, et moi et le fils de mon oncle nous gran-