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les mille nuits et une nuit

ainsi consumé, mais seulement son passé à elle ! Et ce ne sont point les choses aimées dont je me suis séparé qui m’ont mis dans cet état, mais seulement sa séparation d’avec moi.

Et maintenant, tourner mes regards vers une autre, le pourrais-je ? moi, dont toute l’âme est attachée à son corps parfumé, aux parfumé d’ambre et de musc de son corps ! »

Lorsqu’elle eut fini son chant, sa sœur lui dit : « Puisse Allah te consoler, ô ma sœur ! » Mais la jeune portière fut prise d’une telle affliction qu’elle déchira ses vêtements et tomba par terre tout-à-fait évanouie.

Mais, par ce mouvement, comme son corps était mis à nu, le khalifat s’aperçut que ce corps portait l’empreinte de coups de fouet et de coups de verges, et il fut étonné à la limite de l’étonnement. Mais la pourvoyeuse s’approcha et jeta un peu d’eau sur le visage de sa sœur évanouie qui recouvra ses sens ; puis elle lui porta une nouvelle robe et l’en revêtit.

Alors le khalifat dit à Giafar : « Tu n’as pas l’air de t’émouvoir ! Ne vois-tu pas l’empreinte des coups sur cette femme ? Quant à moi, je ne puis plus garder le silence, et je n’aurai de repos que je n’aie découvert la vérité sur tout cela et aussi sur l’incident des deux chiennes ! » Et Giafar répondit : « Ô seigneur et maître, rappelle-toi la condition imposée : — Ne parle point de ce qui te concerne pas, sinon tu entendras des choses qui ne t’agréeront point ! »

Sur ces entrefaites, la pourvoyeuse se leva et prit