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les mille nuits et une nuit

donc ici, et sois certain que tu seras sur notre tête et dans notre œil ! » Aussitôt la pourvoyeuse se leva et se serra la taille. Puis elle rangea les flacons, clarifia le vin en le décantant, prépara la place de réunion tout près de la pièce d’eau, et apporta en leur présence tout ce dont ils pouvaient avoir besoin. Puis elle offrit le vin, et tout le monde s’assit ; et le portefaix, au milieu d’elles, s’imaginait qu’il rêvait dans le sommeil.

Alors la pourvoyeuse offrit le flacon de vin : et on remplit la coupe et on la but, et une deuxième fois, et une troisième fois. Puis la pourvoyeuse la remplit de nouveau et la présenta à ses sœurs, puis au portefaix. Et le portefaix dit quelques vers :

Bois ce vin ! Il est la cause de toute allégresse. Il rend son buveur possesseur des forces et de la santé. Il est pour tous les maux le seul remède guérisseur !

Nul ne boit le vin, cause de toute allégresse, sans en être agréablement ému ! Seule l’ivresse est capable de nous saturer de volupté !

Puis il baisa les mains des trois jeunes filles, et vida la coupe. Puis il alla auprès de la maîtresse de la maison et lui dit : « Ô ma maîtresse, je suis ton esclave, ta chose et ta propriété ! » et récita en son honneur un vers du poète :

À ta porte, un esclave de tes yeux est debout, le moindre de tes esclaves peut-être !

Mais il connaît sa maîtresse ! Il est au courant de