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les mille nuits et une nuit

dur ? L’amour dont tu m’as pénétrée m’est déjà une torture au-delà des forces ! Oh ! jusques à quand ainsi continueras-tu à me fuir !… Si tu n’as voulu que ma détresse et ma misère triste, va, sois heureux, ton souhait est accompli !

Puis elle éclata en sanglots et répéta : « Ô maître, parle-moi, que je t’entende ! » Alors le nègre (prétendu) mit sa langue de travers et se mit à imiter le parler nègre, et dit : « Ha ! ha ! Il n’y a de force et de puissance que par l’aide d’Allah ! » Lorsqu’elle entendit ses paroles (depuis si longtemps qu’il n’avait pas parlé), elle cria de joie et s’évanouit ; mais elle revint à elle et dit : « Oh ! est-ce que mon maître est guéri ! » Alors le roi déguisa sa voix et la rendit très faible et dit : « Ô libertine ! tu ne mérites guère que je t’adresse la parole ! » Elle dit : « Et pourquoi donc ? » Il répondit : « Parce que tous les jours tu ne fais que châtier ton mari, et, lui, de crier et de demander du secours, et tout cela m’enlève le sommeil toute la nuit jusqu’au matin. Et ton mari ne cesse de t’implorer et de te demander grâce, tellement que sa voix me donne l’insomnie. Sans tout cela, depuis longtemps j’aurais repris mes forces. Et c’est justement cela qui m’empêche de te répondre. » Elle dit : « Alors, puisque tu l’ordonnes, je le délivrerai de l’état où il se trouve ! » Et le roi lui dit : « Oui ! délivre-le et rends-nous la tranquillité ! » Elle dit : « J’entends et j’obéis ! » Puis elle se leva et sortit de la coupole. Entrée au palais, elle prit un bol de cuivre rempli d’eau et prononça dessus des paroles magiques. Et l’eau se mit à bouil-