Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du pêcheur avec l’éfrit
87

me faut te rendre un mémorable service et un bienfait qui passera, après moi, dans le domaine de l’histoire ! » Ensuite le roi continua la conversation jusqu’à l’approche de la nuit. Puis le roi se leva et attendit que vint l’heure nocturne des sorciers. Alors il se déshabilla, ceignit son épée, et se dirigea vers l’endroit où se trouvait le nègre. Là, il vit les chandelles et les lampions suspendus ; il vit aussi l’encens, les parfums et toutes les pommades. Puis il alla directement au nègre, le frappa et le tua. Ensuite il le chargea sur son dos et le jeta au fond d’un puits qui se trouvait dans le palais. Puis il revint, et s’habilla avec les habits du nègre, et se promena un instant sous la coupole en brandissant à la main son glaive nu dans toute sa longueur.

Après une heure, vint la sorcière, la débauchée, auprès du jeune homme. À peine entrée, elle déshabilla le fils de son oncle et prit un fouet et l’en frappa. Alors il cria : « Aïe ! Aïe ! ça suffit ! mon malheur est déjà assez terrible ! Oh ! aie pitié de moi ! » Elle répondit : « Et toi, as-tu eu pitié de moi ? M’as-tu conservé mon amant ? Non ! Eh bien, attends ! » Alors elle lui mit l’habit de poil de chèvre, et plaça les autres vêtements en dessus. Après quoi, elle descendit auprès du nègre, lui portant la coupe de vin et le bol des plantes bouillies. Et elle entra sous la coupole, et pleura et se lamenta en criant : « Ouh ! ouh ! » et dit : « Ô mon maître, parle-moi ! Ô mon maître, cause avec moi ! » Puis elle récita ces vers douloureusement :

Durera-t-il encore, ô mon cœur ! cet éloignement si