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BELAZOR.

Rétrogradez !… Que sollicitez-vous de moi ?

LARFAILLOU.

Ça va peut-être vous étonner… Je voudrais me marier avec votre petite.

BELAZOR.

Ciel ! vous aspirez à la main de mon unique demoiselle !… vous voulez épouser mon Aubépine. Vous avez donc des capitaux ?

LARFAILLOU.

Ah ! ouiche !

BELAZOR.

C’est une chose surprenante. Si vous n’avez rien, pourquoi voulez-vous épouser ma fille ?

LARFAILLOU.

C’est pour ça.

BELAZOR.

Mais, artisan saugrenu, vous la connaissez donc, ma fille ?

LARFAILLOU.

C’est moi que je raccommode sa pension.

BELAZOR.

Mais, malheureux ! vous ne savez donc point qu’elle a des millions de dot ?

LARFAILLOU.

Un peu que je le sais !

BELAZOR.

Et nonante-trois millions d’espérances ! Pourquoi voulez-vous épouser une fille qui a nonante-trois millions d’espérances ?

LARFAILLOU.

Est-il bête ! Mais c’est pour ça, mon p’tit père. (Il lui tape sur le ventre.)

BELAZOR.

Vous n’êtes pas même un homme bien élevé. Vous parlez un langage tout à fait dépourvu d’élégance.

LARFAILLOU.

C’est parce que je suis mal habillé. Si j’avais des belles frusques, comme vous, je ferais peut-être de belles phrases.

BELAZOR.

Je n’en suis pas convaincu. Vos discours respirent l’incohérence et vous m’en voyez surpris, pour ne pas dire scandalisé. Rétrogradez ! (On frappe bruyamment à la porte de gauche.) J’entends un léger bruit, ce sont mes invités, très-bien. (Voix