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Scène VIII.

Les Mêmes, BELAZOR.
BELAZOR, s’avançant vers la rampe sans voir Larfaillou.

Quand je vous le disais ! je lui ai fermé la bouche radicalement. Savez-vous ce qu’il fait à l’heure qu’il est ? il creuse un trou dans la cave pour entasser les cent écus que je lui ai donnés ; il ne chantera plus ! Ô divin la Fontaine ! je me procurerai tes œuvres complètes, les Fables, les Contes, la tragédie du Cid ! je ferai tout apprendre à ma fille.

trio.
LARFAILLOU.
J’ai-z-million

J’ai-z-un vrai million d’argent blanche !
J’ai z-un million !
Je veux m’habiller le dimanche
Comme un lion.
Ô Saint Crépin, je te renie,
Et pour patron
Prends pour la vie
Saint Émilion !

(Les Invités s’avancent vers la rampe, en retournant leurs poches vides.)
BELAZOR.
Il a joué ! bonté divine !

Ruiné des gens que j’aimais !
Et dans son ivresse assassine,
Il chante plus fort que jamais !
De ton million
Tu n’as que la première manche.
Attends, mon bon !
Je m’en vais prendre ma revanche
Comme un lion !
Rassurez-vous, je vous en prie :
Votre million
Ne peut sortir de la maison.

ensemble.
LARFAILLOU.
J’ai-z-un million ! etc.
BELAZOR.
De ton million, etc.
trio.
LARFAILLOU.
Allons ! qui veut de mon argent ?
BELAZOR.
Banquo !
LARFAILLOU.
Banquo ! Gagné !
PREMIER INVITÉ.
Banquo ! Gagné ! C’est épatant !