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DES TRENCAVELS.

« Que ferais-je dans une cour, moi qui ne veux ni tromper ni être trompée ? Ne serait-il pas étrange que mes jeunes années eussent été celles de la sagesse, et que mon âge mûr fût livré au trouble et à l’imprudence ? Au temps où nous sommes il n’y a d’avenir que pour ceux qui vivent ignorés, ne faisant envie à personne, et demeurant en bonne intelligence avec les chapelains. Ici, nous n’avons à redouter ni la rencontre des légats romains, ni celle de ces rois outrecuidans, qui se font un amusement de supplanter les trouveurs. »

Agnès, en prononçant ces derniers mots, tendait sa belle main à son Anacréon, qui la couvrit de larmes et de baisers. Agnès n’avait point éprouvé les ivresses de l’amour. Son âme douce et calme s’était livrée à tous les charmes de l’amitié. Elle se complaisait dans son indépendance, mais n’avait pu se résoudre à vivre seule.

Ayant trouvé dans son mari, non un amant, mais un maître, elle avait soup-