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LE DERNIER

pour y vivre entourée des honneurs dûs à son rang. Agnès éludait ses instances et ne pouvait se résoudre à quitter sa retraite.

« Notre vie, » disait-elle à son confident Marveil, « est un pèlerinage plus ou moins long, où l’on n’est pas toujours libre de choisir son chemin.

« Mais quand il nous est permis de faire ce choix, n’y aurait-il pas de la folie à préférer des sentiers scabreux et bordés de précipices, à une route facile, tracée à travers les bocages et les prairies ?

« Malheur à qui ne sait pas vivre de lui-même, et de cet autre moi qui naît de l’amitié. Celui-là voyage sans but et demeure à la merci des vents ; sa vie est un long labeur. Il meurt sans avoir vécu.

« J’ai connu le charme de ces momens consacrés aux douces méditations, et à l’échange des pensées réglé par la sympathie. Tout autre passe-temps ne serait pour moi qu’un rêve laborieux et douloureux.