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LE DERNIER

son lit, on approcha de ses narines des odeurs fortes, on appliqua des caustiques sur ses pieds, il revint enfin à lui-même, et recouvra peu à peu la parole et le mouvement. Le malheureux prince traîna encore pendant quelques jours un reste de vie qui fut entièrement consacré aux exercices de la pénitence. Il voulut, comme l’empereur Othon, mort quelques années auparavant, que ses garçons de cuisine lui missent(4) les pieds sur le cou ; il se faisait donner la discipline par les chapelains de St.-Sernin. Enfin, une nouvelle angoisse étant survenue, on l’entendit plusieurs fois s’écrier d’une voix interrompue : « Caïn, qu’as lu fait de ton frère ? » L’abbé de St.-Sernin et les templiers accoururent et le trouvèrent privé de la parole. Il tenait les mains jointes en fixant l’abbé de ses yeux à-demi éteints. L’un des templiers étendit sur lui son manteau(5). Raymond se saisit aussitôt de la croix blanche qui y était cousue, et, la pressant de ses mains tremblantes contre ses lèvres livides, rendit le dernier soupir.