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LE DERNIER

sibilité de ce moine causait une surprise extrême. Raimbaud, qui en connaissait la source, évita d’abord de se montrer, afin de laisser au faible Burgondion le temps de revenir de son émotion ; mais celui-ci s’étant retiré dans un appartement isolé, le chevalier l’y suivit et se jeta dans ses bras.

La voix du sous-prieur fut d’abord étouffée par les sanglots ; enfin, il fit entendre ces paroles : « Mes larmes n’ont cessé de couler depuis quinze ans. Celles que je répands aujourd’hui sont moins amères, puisqu’elles sont versées dans le sein de l’amitié. Je laisse croire aux autres qu’elles sont le fruit de la pénitence ; il m’est doux de pouvoir dire à un être vivant que je pleure pour Anaïs. »

La conversation du religieux et du chevalier fut très-animée, et souvent interrompue par les gémissemens de la douleur. Elle se renouvela le lendemain ; et, avant de quitter Pézènes, le sous-prieur obtint de Raimbaud qu’il viendrait passer une journée au monastère.