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DES TRENCAVELS.

une retraite isolée, où, séparés du reste des humains, nous vivrons l’un pour l’autre, sans réserve, sans interruption ? Il faut qu’ils s’aiment bien peu les êtres qui, se croyant réunis par les conventions sociales, livrent volontairement tous leurs momens aux occupations vulgaires et aux fades plaisirs qu’on trouve dans les villes ! »

La rêverie d’Adon fut interrompue par des gémissemens qui semblaient venir de la caverne. Il y retourne à pas précipités, et voit Cécile à genoux, prononçant des prières et fondant en larmes.

« Adon ! est-ce toi ? » dit Cécile, en le voyant, « je croyais la punition de ma faute plus grande et plus prompte… Je n’espérais plus te revoir !


« Je ne sais quel malin esprit est venu m’annoncer que tu serais à jamais perdu pour moi ; qu’un grand crime s’était commis entre nous, et qu’il serait puni comme icelui d’Adam et d’Ève ; que ce fruit, cueilli avec violence et sans la permission divine, nous serait ravi pour toujours. Je me suis