Page:Le dernier des Trencavels 1 Reboul Henri.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
LE DERNIER

« Je ne me suis point dissimulé, » répondit Innocent, « cette fatale vérité. Les mêmes causes qui ont accru dans le dernier siècle la puissance du St.-Siège ont donné une haute impulsion à celle des rois, et tend à les rendre tout-puissans.

« Ces croisades, qui ont fait marcher toutes les armées de l’Europe au signal donné par l’Église, ont épuisé les possesseurs de fiefs, et en ont mis un grand nombre à la merci des rois. Telle est d’ailleurs l’invincible loi qui régit les affaires humaines. La domination des seigneurs avait atteint son plus haut terme, lorsqu’ils firent descendre du trône le dernier des rejetons de Charlemagne. L’équilibre n’a pu long-temps se maintenir entre cette multitude de maîtres de la terre. Aussitôt que la royauté a été l’attribut du plus puissant d’entre eux, elle a dû commencer à reprendre son ascendant. Sa marche a été lente, et s’est opérée à travers bien des difficultés ; mais le travail des temps semble rendre son triomphe inévitable.