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les bords du Sénégal et dans le bassin du haut Niger. À part quelques enclaves anglaises et porlugaises, los possessions ct protéctorats français couvrent aujourd’hui, dans cette partie de l’Afrique, une immense étendue entre la limite méridionale du Sahara et ces fameux monts de Kong qui sont censés séparer le vaste bassin du haut Niger de l’étroit versant de la côte de Guinée. La canonnière Niger, sous les ordres du commandant Caron, dont nous avions annoncé le départ pour Timbouetou, a heureusement accompli son voyage. Elle est parvenue jusqu’à Kabara et à Koramé, les ports el chantiers de la métropole du Soudan occidental ; malgré les difficultés que suscitaient Tidjani, le souverain actuel du Maéina, et les Touareg, qui se considèrent comme les maîtres de Timbouctou, le commmandant Garon à pu visiter celte ville et s’entendre avec les notables. Une autre canonnière, portant le nom de Mage (en souvenir de lexplorateur français}, est destinée à remonter les grands affluents du haut Niger, dont quelques-uns ont un développement plus considérable que le Dhioliba lui-mème. Il y a Là un vaste champ ouvert à la géographie, car ces cours d’eau viennent de régions entièrement inexplorées.

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Outre son rôle politique, la campagne du colonel Gralliéni aura une importance géographique considérable, car des officiers distingués, détachés en mission de divers côtés, ont procédé à la reconnaissance lopographique des pays récemment conquis où soumis à notre protectorat.

Au nombre de ces missions, il faut citer celle du Ouassoulou, qui a été dirigée par le capitaine Pérez.

Le Ouassoulou n’était, pour ainsi dire, connu que de nom ; Car, sauf les quelques détails fournis par René Caillié, qui l’a traversé en 1827, il n’avait plus été visité par aucun Européen. Le Ouassoulou proprement dit est situé au sud du haut Niger, dans le bassin supérieur des grands tributaires de ce fleuve ; mais, dans ces dernières années, il a englobé successivement tous les territoires et royaumes environnants, Aujourd’hui cet empire, fondé par Samory, est placé sous Île protectorat français.

La mission du Ouassoulou, composée du capitaine Péroz, du sous-lieutenant Plat et du docteur Fras, médecin de la marine, se mit en route le 5 décembre 1886. Elle était précédée du prince nègre Karamoko, fils de Samory, que l’on a pu voir à Paris l’année dernière. Après avoir passé à Kankan, surle Milo (déjà visité par René Caillié, en 1827, et par le sous-lieutenant indigène Alakamessa, en 1881), elle se dirigea sur Bissandougou, dont Samory avait fait sa capitale. Avec le village voisin et l’entourage de l’almany, cette localité compte environ 3000 habitants, La réception fut très cordiale, mais ce ne fut pas sans efforts diplomatiques que le capitaine Péroz put amener l’orguecilleux Samory à céder à la France ses provinces de la rive gauche du Tankisso et du Dhioliba, et à placer le reste de ses

LE TOUR DU



MONDE.

Etats sous le protectorat français. Un poste militaire qui

a être construit à Siguiri (au confluent du Tankisso et du Dhiolibaj donnera à ces concessions plus de poids que n’en auraient eu peut-être les promesses de lalmany.

III

D’auires missions ont eu pour tâche de reconnaitre les territoires Les plus rapprochés de nos anciennes possessions sénégalaises.

Ainsi, MM. Fortin et Lefort ont été chargés du levé topographique du Bondou et du Niéri, entre le fleuve Sénégal. la rivière Falémé et la haute Gambie. M. Quiquandon, altaché à Ja mission du docteur Tautain, à dressé la carte du Tiali et du Bambouk septentrional, el a recueilli de nombreuses données géographiques ct ethnographiques sur ces pays. Le Bambouk, en particulier, n’a jamais formé un fitat unique ; c’est une confédération qui comprend le Niagala, le Makana, le Niambia, le Tambaoura, le Kilé, le Kamana, le Diébédougou, le Bamhougou et le Barinta. Le lieutenant Reichemberg, de son côté, visitait la haute Falémé, le Konkadougou, le Bafing et le Bambougou, et rapportait des notices fort intéressantes sur les confédérations malinkées au sud du Bambouk. Enfin, le capitaine Oberdorf fut envoyé dans le Niokolo, le Dialonkadougou et le Dinguiray, à travers une région qui, en majeure partie, n’avait jamais été visitée par des Européens. Get officier a dressé une carte des cours supérieurs de la Gambie, de la Falémé et du Bafing. Il a en outre déterminé l’origine de la rivière Falémé, qui prend sa source dans le Koï, et non dans le Timbo, comme on l’avait supposé jusqu’à ce jour.

IV

Bien qu’il ait parcouru un terrain où l’avaient précédé d’autres voyageurs, M, Charles Soller n’en a pas moins servi la géographie en recuerllant au Maroc d’utiles informations, Le champ de son parcours est compris dans un triangle formé par la côte, d’Asfi à Agäder-n-Ighir, et la province d’’Entifa. Il a notamment effectué un levé du cours du Tensift depuis son embouchure jusqu’à la ville de Meräkech (Maroc), et 1] a déterminé la position de la source de ce fleuve à Ràs El’Aïn. Rayonnant autour de la ville de Maroc, il est allé. du côté du nord-ouest, à Saharidj et Soûq El-Thelâta, du côté de l’ouest, au pays des Oudäya. Après avoir accompagné jusqu’à Dernat l’armée du sultan. 1l s’est décidé à voyager seul afin de visiter les montagnes. Il a pu parcourir ainsi les pieds occidentaux du Djebel Gueläwi, et relever une partie de l’Atlas qui parait nouvelle. Malheureusement il a été empêché par la force de gagner Les versants méridionaux de la grande chaîne.

Après avoir accompli ces voyages, M. Soller a visité, par mer, la côte du Sahara, le cap Djoubi, Le Rio do Ouro, le cap Blanc et des iles situées plus au sud.

Qui n’a lu en quelque vieux livre les tribulalions de