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Dirai-je l’histoire des fouilles « mal conduites, souvent abandonnées et reprises par le même caprice qui les avait fait abandonner ? » Cette opinion est de Barthélemy écrivant, en 1755, au comte de Caylus. Winckelmann, qui assista quelques années après à ces travaux, critiqua fort la lenteur des galériens auxquels ils étaient confiés. « Si l’on y va de ce train, écrivit-il, nos descendants à la quatrième génération trouveront encore à fouiller dans ces ruines. » L’illustre Allemand ne croyait pas prédire si juste. Les descendants à la quatrième génération seraient nos contemporains, et le tiers de Pompéi n’est pas encore découvert.

L’empereur Joseph II visita les excavations le 6 avril 1796 et se plaignit vivement au roi Ferdinand IV du peu de zèle et d’argent qu’on y employait ; le roi promit de mieux faire et ne tint pas parole. Il n’y eut d’intelligence et d’activité, dans cet immense travail, que pendant l’occupation française ; l’État, alors, acheta tous les terrains qui couvraient Pompéi. En 1813, il y eut jusqu’à quatre cent soixante-seize ouvriers occupés aux fouilles. Les Bourbons revinrent et commencèrent par revendre les terrains achetés sous Murat ; puis, peu à peu, les travaux continués d’abord assez vivement, se ralentirent, se relâchèrent, de plus en plus négligés, enfin abandonnés tout à fait ; on ne les reprit que de temps en temps, devant les têtes couronnées. On les préparait comme les surprises du jour de l’an : on éparpillait tout ce qu’on avait sous la main sur des couches de cendre, et de pierre ponce soigneusement recouvertes ; puis, à l’arrivée de telle majesté ou de telle altesse, la baguette magique du directeur ou de l’inspecteur faisait sortir de terre tous ces trésors. Je pourrais nommer un à un les augustes personnages qui furent trompés de la sorte, à commencer par les rois des Deux-Siciles et de Jérusalem.

Ce n’est pas tout. Non-seulement on ne découvrait plus