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rouge-brun des cerros et des constructions antiques ; puis le faubourg de la Recoleta, ou ce qu’ainsi l’on nomme, s’interrompt tout à coup, coupé à droite par l’escarpement de San Blas, un des huit faubourgs de Cuzco[1], à gauche par un étroit conduit bordé de murs bâtis dans l’appareil cyclopéen. Ce conduit c’est la rue du Triomphe. Les mules surexcitées par les émanations de la luzerne et du corral s’y précipitent tête baissée. Après trois minutes de marche et sans que rien ait préparé l’œil et l’esprit du voyageur à ce changement brusque, il débouche sur la plaza Mayor de Cuzco, en face de la cathédrale.

Faubourg de la Recoleta, à Cuzco.

Comme nous émergions de la pénombre qui règne en tout temps dans cette rue du Triomphe dont les antiques murs semblent absorber la lumière, Ñor Medina qui me précédait depuis un instant, arrêta sa monture pour me demander dans quel tampu de la cite je comptais descendre.

« Je descendrai chez moi, lui répondis-je.

— Le chez soi de monsieur, s’il plaît à monsieur ?

— Galerie du Vieux-Linge, 17. »

Nous coupâmes la place en diagonale, et, arrivés à l’endroit indiqué, nous mîmes pied à terre. Ñor Medina. attacha les mules à une des colonnes de grès trachytique qui bordent trois côtés de cette place désignés par les noms de galeries du Pain, des Confitures et du Vieux-Linge. Après avoir dessellé ma monture et transporté chez moi, où je l’avais précédé, les diverses pièces de

  1. C’est dix qu’il faudrait dire, car les statisticiens du pays considèrent comme faubourgs de Cuzco les villages de San Sebastian et de San Jeronimo, bien qu’ils soient séparés de la ville par une plaine d’environ douze kilomètres carrés (voy. p. 252 et 253).