Page:Le Tour du monde - 05.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Campement d’une caravane de pèlerins grecs en Palestine.



CÉRÉMONIES DE LA SEMAINE SAINTE À JÉRUSALEM[1].

NOTES D’UN VOYAGEUR.

185… — TEXTE ET DESSINS INÉDITS[2].


I

LE VOYAGE.

Comment je suis obligé de partir pour Jérusalem.

Voici, monsieur, les notes de voyage que vous m’avez demandées. Faites-en tel usage qu’il vous conviendra. Je crains, à vous dire toute ma pensée qu’elles ne soient pas de nature à plaire à tout le monde. Regardez-y de près, monsieur. Je ne suis ni savant, ni écrivain, et n’ai point le secret de ceux qui savent donner de l’intérêt au récit des choses même les plus simples. Ce n’est pas une curiosité profane qui m’a conduit à Jérusalem, mais, je dois ainsi l’avouer avec sincérité, ce n’est pas davantage un acte spontané de ma conscience. J’ai entrepris ce grand pèlerinage aux lieux saints, dans des circonstances très-tristes, malgré moi, et j’en suis revenu, que dirai-je ? à demi édifié, à demi scandalisé. Ne me condamnez pas à l’avance. Vous verrez pourquoi.

À la fin du mois de décembre de l’année 185…, au fond d’une retraite de campagne où je vis presque en toute saison, je reçus une lettre qui me jeta dans une surprise et une consternation profondes. Ma belle-sœur, que je croyais paisiblement établie depuis deux mois dans une petite villa de Sorrente, près de Naples, venait de mourir subitement en arrivant à Jérusalem : sa fille, ma nièce, seule, sans appui, s’était réfugiée chez les dames de Notre-Dame de Sion, et ne se doutant avec raison ni de

  1. Voy. sur la Palestine et sur Jérusalem, t. Ier, p. 385-416.
  2. Tous les dessins joints au texte de cette livraison ont été faits sur des croquis pris, d’après nature, par M. Rudhart.