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2 LE TOUR DU MONDE.

La Société de Géographie de Londres, tout en m’accordant son secours moral, ne put me donner de subvention. Je me procurai par un emprunt à rembourser en 1910 après le retour de l’Expédition une somme de 500 000 francs. Aussitôt cette somme trouvée je me mis en campagne pour acheter les provisions et le matériel. L’équipement d’une expédition polaire exige une attention minutieuse. J’y donnai tous mes soins, avec M. Alfred Reïd, qui me fut d’un précieux concours.

Pour transporter la Mission dans l’Antarctique, j’achetai le Nimrod, un vieux « phoquier » de Terre-Neuve. S’il était petit et lent, — sa vitesse à la vapeur ne dépassait guère six nœuds, — en revanche il était solide et capable : d’affronter les chocs de la banquise. Sa campagne de chasse terminée, le bâtiment fut dirigé sur la Tamise où il arriva le 15 juin 1907 et où je le fis adapter à sa destination nouvelle.

Pour nous abriter pendant l’hivernage à terre, un solide baraquement serait nécessaire. Comme, dans le principe, cette construction ne devait recevoir que douze hommes, jeu fis établir une qui, comme dimensions extérieures, aurait 9 m. 90 sur 5 m. 70 et 2 m. 40 de haut jusqu’au bord du toit. Nous n’y serions pas au large, d’autant qu’il faudrait y abriter du matériel et une certaine quantité d’approvisionnements, mais des logements exigus ont l’avantage d’être faciles à chauffer sans une trop grande dépense de combustible. Le baraquement fut embarqué démonté. La baraque était doublée d’un matelas de planches et les murs et le toit entourés extérieurement d’une double enveloppe de gros feutre, séparée par des lattes épaisses de 0 m. 025. Afin de rendre les murs mauvais conducteurs et assurer ainsi une protection contre le froid aussi complète que possible, l’espace libre entre le matelas de planches et la première enveloppe de feutre fut rempli de liège pulvérisé. La construction devait être montée sur des pilotis. Enfin, à Ta crête du toit étaient fixés des anneaux destinés à recevoir des cordes de retenue qui en assureraient la stabilité. Le baraquement avait deux portes munies d’un tambour pour empêcher l’air extérieur de pénétrer dans la maison et quatre doubles fenêtres. Le toit était percé de deux ventilateurs qui se manœuvraient de l’intérieur. En fait de meubles, je n’emportai que quelques chaises. Les caisses d’emballage devaient servir à la fabrication du mobilier. L’éclairage serait fourni par un appareil à acétylène cet le chauffage par le fourneau de cuisine. Le combustible choisi fut l’anthracite.

Je me proposais d’employer des poneys, des chiens et une automobile au halage des traineaux dans les longues expéditions projetées, mais c’est surtout sur les poneys que je comptais. Les chiens ne s’étaient pas montrés très brillants sur la Barrière, lors de l’expédition de la Discovery ; je n’en attendais pas mieux cette fois-ci. En revanche, j’étais persuadé que les robustes poneys employés dans la Chine septentrionale et en Mandchourie me ren-

draient de très grands

services si Je parvenais

à Jes amener en bon état

jusqu’au glacier. J’avais

vu ces poneys à Chang-

haï : d’autre part, Je sa-

vais que l’expédition

Jackson-Harmsworth à

la Terre François-Joseph

en avait tiré un excellent

parti. Ces petits chevaux

halent de lourds far-

deaux, sont habitués à de

très basses températures,



se montrent durs à Ia

peine, et ont le pied très

sûr. Sur la Grande Bar-

rière, peut-être aurions-

nous la chance de ren-



contrer de la neige ferme.

Cette considération me





AU DÉPART DE LYYTELTON (NOUVELLE-ZÉLANDE) LE € NIMROD » EST ACCLAMÉ détermina à emporter

PAR UNE FOULE INNOMBRABLE {page 5). .

une automobile. Sur une

neige passable, une ma-

chiné pourrait haler une très lourde charge à une assez bonne vitesse. Bien que n’ayant qu’une confiance

médiocre dans les chiens, j’en emmenai cependant neuf. Par suite des naissances survenues, l’effectif de notre meutc fut porté à vingt-deux têtes.

De la valcur de ses membres dépend en grande partie le succès d’une expédition polaire. Chaque