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2 LE TOUR DU MONDEÆF.

Portes (Tin Darwaza). C’était suffisant pour avoir un aperçu des monuments de la période glorieuse du règne du fondateur d’Ahmedabad, le sultan Ahmed {xv® siècle). La ville passe, à juste titre, pour avoir été une des plus belles de l’Orient ; aux xve et xvie siècles, elle atteignit un degré de splendeur attesté par les historiens et les voyageurs, qui vantent à l’envi sa citadelle, ses mosquées, ses palais entourés de jardins et rafraîchis par des fontaines, enfin ses rues larges où dix voitures pouvaient passer de front. Elle ne se releva jamais de l’occupation mahratte ; mais elle a trouvé une prospérité matérielle relative sous la domi-

HAIDARABAD S/3l N D

nation anglaise. Notre première visite est pour la citadelle. En LE :

passant, nous nous arrêtons au coin nord, à la mosquée élevée Wad par un esclave d’Ahmed Chäh, et nous admirons l’exquise fenêtre ykotf e aux arborescences de marbre dont le dessin est toujours donné ë A J comme un spécimen du genre ; c’est en effet dans ce travail de N = 7 inagerh pierre perforée que se sont surpassés les artistes du Guzcrate. : Diu


Nous verrons bientôt leurs procédés appliqués à la décoration des temples jaïnas. Après une halte au palais d’Azam Khan {(xviie siècle) converti en prison, nous entrons dans la citadelle, qui est la plus vaste de toute l’Inde, aussi grande qu’une petite ville, au dire du voyageur Thévenot. D’un côté elle à le pied de ses murailles baigné par la Sabarmati ; de l’autre, elle commande une grande place spacieuse ; dire que du haut des terrasses la vue est admirable, serait une banalité ! La Djâmé Mesdjid se trouve à gauche de la rue principale. L’entrée en est étroite, encombrée de gens dépenaillés ; un marchand ambulant avait étalé ses pipes sur les marches de l’escalier ; mais dès qu’on a retiré ses chaussures et passé le seuil de la porte, on pénètre dans un monde nouveau. La mosquée occupe le côté ouest de la cour ; elle à conservé comme couronnement ses cinq dômes ; mais ses minarets, détruits par un tremblement de terre en 1819, n’existent plus, ce qui, selon moi, la dépare d’une manière sensible ; à l’intérieur, on se perd dans un dédale de colonnes. Craintifs et solitaires nous errons au milieu de ces magnificences ; dans la pénombre, les détails se fondent en une gamme bleutée d’une douceur infinie...

Nous reprenons bientôt notre promenade le long des cloîtres déserts. Le soleil de midi inonde la cour d’une lumière aveuglante, à laquelle nous nous hâtons d’échapper par une porte qui conduit au mausolée

d’Ahmed. L’édifice est massif, recouvert d’un dôme et éclairé par des fénétres aux panneaux de pierre perforée ; sur la tombe, à

UT certains anniversaires, L | lcs Hindous et les Musulmans, fidèles à la mémoire de leur glorieux prince, viennent apporter des fleurs ; le jour de notre visite quelques roses se fÎlétrissaient sur le marbre. Près du souverain dorment ses fils et petitsfils ; plus loin, ses épouses. C’est par un cloitre, sorte de passage aux cloisons de pierre perforée, qu’on se rend à la retraite où reposent ses deux femmes, l’une, Moghalaï Bibi, dans un LE DOCTEUR ET MISTRESS THAKORDASS FURENT NOS HÔTES A WADIIWAN (page 5). sarcophage de marbre COMMUNIQUÉ PAR LH DT THAKORDASS, blanc, et lPautre, Mourki

Bibi, dans des splen-

CARTE DU KATIHIAWAR.











deurs de marbre noir incrusté de nacre ; à côté, des favorites, moins aimées peut-être, ont des monuments plus simples. Je reverrai longtemps ce coin charmant plein de lumière et de blancheur, où l’idée de la mort n’est associée à aucun rite sinistre et douloureux. Comme on se sent loin des tours funéraires des Parsis et

des büchers des Hindouës !