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LE 14 JUILLET

toi[1]. Nous venons de nous-mêmes briser la force aveugle que nous avons dans les mains. Ouvrez-nous vos bras, faites-nous place à la table de famille, rendez-nous notre liberté perdue, notre conscience enchaînée, notre droit à être des hommes comme vous, vos égaux et vos frères. Soldats, redevenons Peuple. Et toi, Peuple, tout entier, deviens Armée ; défends-toi, défends-nous, défends notre âme attaquée ! Donnons-nous la main, embrassons-nous, ne soyons qu’un seul cœur !… Amis ! Chacun pour tous ! Tous pour tous !

LE PEUPLE ET LES SOLDATS, en proie à une ivresse d’amour et d’enthousiasme fraternel, pleure, s’embrasse, et rit, en criant.

Oui ! pour vous ! pour vous ! pour nos frères du peuple ! pour nos frères soldats ! pour tous ceux qui souffrent ! pour tous les opprimés ! pour tous les hommes !

Ces exclamations se croisent en désordre, venues de tous les côtés à la fois, du peuple, des soldats, de la rue, des fenêtres, des balcons chargés de femmes et d’enfants.
HULIN.

Hourrah ! Hoche ! — Enfin ! voilà celui qui dissipe la tristesse !

HOCHE, amicalement, à des gens qui l’acclament, de la fenêtre de leur maison.

Que faites-vous là chez vous ? Quelle folie de s’enfermer ainsi, par cette belle nuit de Juillet ! L’homme est triste, quand il s’isole des autres. C’est cet air de cave qui inspire les soupçons et les doutes. Sortez de vos maisons ! Il y a assez longtemps que nous y sommes murés. À présent, c’est dans la rue, c’est en plein air qu’il faut vivre. Venez sentir le matin qui se lève ! La ville prisonnière respire à pleine poitrine ; le souffle des prairies vient par dessus nos murs et les armées qui les bloquent, nous apporter le salut des campagnes fraternelles. Les blés sont mûrs : nous allons les faucher.

LA CONTAT.

Ah ! le beau garçon ! il répand la joie autour de lui — Elle va vers Hoche.

  1. Paroles de Hoche.