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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

lâche, le vendu… Où est-il ? Où est-il ? que je lui crache à la gueule, que je lui barbouille le nez avec son ordure, que je le taille en miettes ! Où se cache-t-il ? Faites-le venir.

TEULIER.

Il est ici.

VERRAT.

Ah ! — Et c’est ?

TEULIER.

Moi.

VERRAT.

Toi ?… Tu te gausses de moi… Répète… Ce n’est pas possible ! — Ha ! Il feint un étourdissement. Citoyens, c’est trop fort pour moi, voyez-vous. Un ami en qui j’avais toute confiance, un frère, un bougre à côté de qui j’ai combattu vingt fois, — je lui ai sauvé la vie ! — Excusez-moi, ça me fait un coup trop fort. Cela va passer… Attendez… Il se relève, écumant. Ah ! salaud ! Ah ! jean-foutre ! — Mais non, il vaut mieux ne pas s’abaisser à répondre à de pareilles saletés !

TEULIER.

Verrat, il m’en coûte ; mais la justice le veut.

VERRAT.

Je te défends de me parler. J’aurai ta peau, c’est sûr. Mais je ne te répondrai pas. — Si tu ne crains pas de te salir le gosier, toi, citoyen représentant, parle-moi. Je suis prêt.

QUESNEL.

Verrat, Teulier t’accuse d’avoir reçu de l’espion la preuve manifeste que la lettre à d’Oyron était une machination des émigrés contre lui, et au lieu de nous l’apporter, d’avoir obligé cet homme à garder le silence. Qu’as-tu à répondre ?

VERRAT.

Je jure que j’ai sauvé la patrie.

QUESNEL.

Citoyen, nous rendons tous hommage à tes vertus mili-