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LES LOUPS

devais lui remettre la lettre du major de Zastrow à d’Oyron, et Melchior te l’eût portée ensuite.

QUESNEL, de même.

Après ?

LE PAYSAN.

Après, c’est tout.

TEULIER.

Verrat ?

LE PAYSAN.

Il n’a rien dit ; il m’a écouté ; puis il s’est mis en colère ; il sacrait, en donnant des coups de pied au mur. Puis il m’a dit que je mentais, que si je continuais à mentir, on me couperait la tête. J’ai dit que je ne mentais pas ; mais il m’a mis son poing sous le nez, et il jurait, avec un bruit épouvantable. Alors j’ai demandé si, en ne mentant pas, je ne serais pas condamné : et il a dit que oui, qu’on me ferait grâce. Alors il est parti ; et moi, j’ai attendu tout le jour qu’on vint me chercher. Et quand vous m’avez fait demander, j’ai cru que vous alliez me mettre en liberté. — Ah ! le gueux ! il m’a trompé !

Quesnel et Teulier se taisent, se regardent. Le paysan pleure, secoué de hoquets de rage.
QUESNEL.

Va-t’en !

Le paysan va vers la porte, l’ouvre, se retourne vers les officiers, et les injurie.
LE PAYSAN.

Buveurs de sang ! Sales Français ! Tueurs de rois !

Les soldats l’entraînent.



Scène V

TEULIER, QUESNEL. — Teulier et Quesnel atterrés restent sans parler, sans oser se regarder. Teulier se lève enfin, et touche l’épaule de Quesnel.
TEULIER.

Allons !