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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

QUESNEL.

De ma diablesse, parbleu. Ma goutte. Impossible de fermer l’œil. — Avec angoisse. Et ce n’est pas tout, Teulier, je le sens venir.

TEULIER.

Qui ?

QUESNEL.

L’accès. Mes coliques néphrétiques. Elles se préparent depuis quelques jours… Ah ! pourriture de chair !

TEULIER.

Prends-tu quelque chose ?

QUESNEL.

Il n’y a qu’une chose qu’il me faudrait, c’est le repos, les eaux. Faute de cela, le médecin me l’a dit, je serai enlevé, d’un jour à l’autre. Qu’y faire ? Il ne s’agit pas de nous. Il s’agit de la pauvre patrie qui est bien malade aussi, et que nous sauverons, n’est-ce pas, Teulier ? — Nous, nous y resterons tous.

TEULIER.

Ne te décourage pas si vite.

QUESNEL.

Je ne me décourage pas. Je sais que Custine ne pense plus à nous. Ce matin, je ne voulais pas leur dire. Mais le général Moustache se garderait bien d’user sa gloire à tâcher de nous débloquer. Il nous laissera pourrir ici. Nous y passerons tous, l’un après l’autre. — Ah ! tant mieux, tant mieux, va ; je voudrais que ça fût demain.

TEULIER.

Tu souffres, citoyen ?

QUESNEL.

Oui… Ah ! la guenille, comme elle se joue de moi ! — Allons, sacrebleu, laissons cela ! Quand on fait attention à elle, elle s’en donne à cœur joie. — Parlons d’autre chose.