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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

BUQUET.

Et qu’au lieu de ça, nous marchons en tête de la patrie, que nous avons roulé nos canons sur les rives du Rhin, et que les meutes des chiens de la tyrannie viennent se briser les dents contre nos sabres !

VIDALOT.

Oui, c’est une sacrée aventure qui nous réunit dans cette ville, dont on ne comprend même pas le satané jargon, et qui fait trembler sous nous les esclaves d’Europe !

JEAN-AMABLE.

Dis que c’est une joie enivrante. Être libres, défendre une patrie libre, la seule libre en Europe, — marcher comme des rois sur l’Europe foudroyée, avoir l’âme dégagée de toutes les craintes, de tous les préjugés, étreindre à pleins bras ce grand monde qui est à nous, briser les liens des peuples, ne sentir au-dessus de sa tête que ce beau ciel affranchi du mensonge écrasant de Dieu !… qui a jamais connu une volupté pareille à la nôtre ?

BUQUET.

Nos ennemis la soupçonnent et commencent à l’envier. Sais-tu ce que Kalkreuth a dit ? « La fin du monde est proche. Chacun de ces Jacobins parle comme s’il était roi. »

JEAN-AMABLE.

Rois du monde, il dit vrai ! Rien n’est qui ne soit à nous. Tout nous appartient : il ne s’agit que de le prendre.



Scène VII

QUESNEL, VERRAT, CHAPELAS sortent de la chambre : Verrat, toujours congestionné, avec une expression de joie féroce ; Quesnel en proie à une violente colère, qui fait trembler les lettres dans ses mains.
BUQUET.

Regardez le représentant et Verrat ! Quelle mine ils ont ! Il y a quelque chose de grave…