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LES LOUPS

de tout. Les plus dangereux de tous : car ils assimilent leurs intérêts à ceux des grandes idées dont ils se croient les représentants.

TEULIER, avec calme d’abord, puis s’exaltant à la fin.

Je ne désire rien pour moi, d’Oyron. Si je ne suis pas tué, quand ma chère République n’aura plus besoin de nous, je reviendrai à mes études tranquilles. Mais tant que l’envahisseur menacera la patrie, la science sera servante de l’action. Ce n’est pas tout de créer des idées ; il faut leur assurer la vie, les faire régner sur la terre, dans les libres esprits dégagés des mensonges… Liberté, immortelle Liberté, tu es sortie de nous ; la science t’alluma jadis, étincelle vacillante et menacée. Que la science ait le droit de te défendre aujourd’hui, de porter ton flambeau en tête de tes armées, lumière qui vas brûler la nuit où l’Europe se débat, — soleil de la Raison !

D’OYRON.

Tu parles beaucoup de la Liberté ; vous avez tous son nom à la bouche. Qui sait ? Ce sera peut-être moi qui la défendrai un jour contre vous.

TEULIER.

Je sais, tu voudrais bien : tu aimes tant la Liberté que tu la confisquerais si tu pouvais.

VERRAT.

Je ne suis pas inquiet. La Liberté est une robuste fille ; il lui faut d’autres caresses que celles d’un freluquet.

D’OYRON, insolent.

Tu crois qu’elle est tentée par la peau d’un charcutier ?

VERRAT.

Tonnerre !

Il met la main à son sabre. D’Oyron fait de même.
TEULIER, les arrêtant.

Pas de combats entre nous.