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LES LOUPS

juste un an ; et tu voudrais, citoyen académicien, il s’adresse à Teulier, et toi, citoyen clerc d’avoué, il regarde Buquet, ou toi, citoyen charcutier, il se tourne vers Verrat, vous voudriez morigéner de vieux renards comme Kalkreuth et Brunswick, qui ont blanchi sous le harnois, et connu Frédéric !

CHAPELAS.

Il me semble que nous n’avons pas mal commencé déjà.

VERRAT.

Est-ce que ce jean-foutre va se foutre de nous longtemps ?

BUQUET.

Sois tranquille, nous leur ferons danser la carmagnole ; et si leur Frédéric était là, le vieux singe hypocrite la sauterait plus haut que les autres. Nos violons sont d’accord.

TEULIER.

Nous allons leur apprendre une guerre nouvelle, dont leur timide routine et leurs secs calculs sont loin de se douter. Nous n’en gardons point le secret, sûrs que personne que nous n’usera de ce redoutable don.

D’OYRON.

Et quel est ce secret ?

TEULIER, mettant le doigt sur une proclamation.

Il est écrit ici, et en tête de tous nos actes : Liberté, Égalité, ou la Mort.

D’OYRON.

Voilà une belle tactique !

TEULIER, même exaltation sombre qui monte peu à peu.

La Mort. Comprends-tu, citoyen ci-devant ? La mort comme but et comme moyen, et non plus les froides parties d’échec, les jeux tranquilles et corrects, les belles capitulations. La mort au bout du duel qui s’est engagé entre nous et les envahisseurs sacrilèges de la patrie. La mort pour eux, ou pour nous ; peut-être pour tous deux. Et quand