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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

la France ? — Patience ! Vous connaissez bien Custine. Le vieux diable a plus d’un tour dans son sac. Qui sait s’il n’est pas tout proche ? Peut-être qu’en ce moment il plane au-dessus de l’ennemi, choisissant sa victime. L’heure venue, il fondra sur elle, comme l’aigle sur sa proie.

VIDALOT.

Custine est loin et nous oublie.

BUQUET.

Le général Moustache fait le beau dans quelque petite ville d’Allemagne ; il se pavane avec des femmes ; il prononce des discours.

VERRAT.

Custine écrit des lettres qui sentent l’esclavage. Custine est un aristocrate comme tous les aristocrates. Custine trahit, — comme Dumouriez a trahi, se tournant brusquement vers d’Oyron — comme d’Oyron trahira.

D’OYRON, se levant.

Citoyens, personne n’a le droit de mettre en doute mon civisme.

VERRAT.

Tous les aristocrates sont les mêmes. Ils ne pensent qu’à étrangler la République. Plus de nobles à la tête de nos troupes ! Il faut remplacer par des talents plébéiens toutes ces canailles pourries dans le fumier des cours. Il faut des généraux qui n’aient pas dans les veines un sang corrompu. Destituons les ci-devant, et nous aurons triomphé.

D’OYRON, froid et ferme.

Au lieu de déclamer dans le vide, regarde-moi en face. Je suis le seul ci-devant noble de l’état-major. C’est à moi que tu en veux ? Dis-le sans phrases.

VERRAT.

Je ne mâche pas mes mots. C’est à toi que j’en veux. Je demande que tu sois cassé de ton grade, mis au rang de simple soldat, surveillé étroitement, et guillotiné si tu bouges.