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DANTON

LE PRÉSIDENT.

En conséquence, le tribunal prononce que Georges-Jacques Danton, Lucie-Simplice-Camille Desmoulins, Marie-Jean Hérault-Séchelles, Philippe-François-Nazaire Fabre dit d’Églantine, Pierre-Nicolas Philippeaux, François-Joseph Westermann, sont condamnés à la peine de mort ; — ordonne que ce jugement leur sera notifié entre les deux guichets de la maison d’arrêt de la Conciergerie par le greffier du tribunal ; — exécuté ce jourd’hui, 16 germinal, place de la Révolution.

La foule s’écoule[P 1]. Au dehors, rumeurs lointaines qui peu à peu s’éteignent. — Saint-Just, Vadier, Billaud-Varenne, restés sur le devant de la scène, se regardent, implacables et muets.
VADIER.

Le colosse pourri est abattu. La République respire.

BILLAUD-VARENNE, regardant Saint-Just d’un œil farouche.

La République ne sera libre, que quand les dictateurs ne seront plus.

SAINT-JUST, regardant durement Vadier et Billaud.

La République ne sera pure, que quand les hommes de proie ne seront plus.

VADIER, ricanant.

La République ne sera libre, la République ne sera pure, que quand la République ne sera plus.

SAINT-JUST.

Les Idées n’ont pas besoin des hommes. Les peuples meurent, pour que Dieu vive.


LE PEUPLE.
  1. David et ses amis. — Eh ! allons donc ! la bête est à terre, nous mangerons du boudin… Vive la Convention ! — Ils sortent…

    Deux vieux bourgeois, à mi-voix. — Que dites-vous de cela ? — Allons, il faut se taire. — En vivant, on devient vieux.

    Ils lèvent les bras, et se retirent, hochant la tête, peureusement.