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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

prendre des mesures proportionnées à la gravité des circonstances. En conséquence, je requiers que les questions seront posées et le jugement prononcé en l’absence des accusés[P 1].

LE PRÉSIDENT.

Le tribunal va en délibérer. Faites rasseoir les accusés.

DANTON semble ne pas avoir compris, suffoque, pousse un hurlement de bête.
VADIER, à mi-voix.

Crie, mon bonhomme, crie ! tu es dans le sac.

HÉRAULT, se levant et époussetant son habit.

C’est fini.

DANTON se laisse ramener à son banc par les gendarmes, et s’affaisse atterré.

Foutu !… Au paroxysme de la violence, se contenant brusquement. Paix, Danton, paix ! Les destins sont accomplis.

CAMILLE, criant.

Je suis l’ami de Robespierre ! Je ne puis être condamné…

WESTERMANN, à Danton.

Empêche donc ce bougre de se déshonorer.

DANTON, consterné.

Ils sont fous. Pauvre pays, que va-t-il devenir, privé d’une tête comme celle-ci ?

HÉRAULT, à Desmoulins.

Allons, mon ami, montrons que nous savons mourir.

DANTON.

Nous avons assez vécu pour nous endormir dans le sein de la gloire ; que l’on nous conduise à l’échafaud !


LE PEUPLE.
  1. Stupeur et agitation muette.

    Le peuple continue de s’agiter ensuite et de parler, pendant tout le reste de la scène, — en proie à une sorte de fièvre.