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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

FOUQUIER, continuant à lire, dominant le bruit, réussissant à reprendre l’intérêt de la foule.

« … Laflotte se décida à feindre de partager leurs idées pour mieux connaître leur plan. Dillon, s’imaginant l’avoir associé à son infâme complot, lui détailla les différents projets. Laflotte se met à la disposition du Comité de Salut public pour lui en révéler les détails… »

L’agitation de la foule couvre sa voix.
CAMILLE, comme fou.

Monstres ! Cannibales ! Il froisse les papiers qu’il tient à la main, et les jette à la tête de Fouquier. — Au peuple : À l’aide ! au secours[P 1] !

DANTON, tonitruant,

Lâches meurtriers, pendant que vous y êtes, faites-nous lier sur ce banc, prenez un couteau et saignez-nous[P 2] !

PHILIPPEAUX.

Tyrannie !

DANTON.

Peuple, ils nous tuent, ils t’égorgent avec nous ! On assassine Danton ! Paris, lève-toi ! lève-toi[P 3] !

WESTERMANN.

Aux armes[P 4] !

Immense grondement au dedans et au dehors.

LE PEUPLE.
  1. Clameurs.
  2. Le peuple, ému, intéressé, jubile et applaudit. — Il s’étrangle ! Il écume ! C’est magnifique ! Quelle voix il a !… Bravo !
  3. Deux voix au fond, puis tous répètent : — Tyrannie !
  4. Le peuple tout entier. — Aux armes !

    Le tumulte couvre les voix. À peine entend-on les hurlements de Danton, au milieu de l’orage. Il se lance sur Vadier, que les gendarmes et la table du président séparent de lui. Il lui montre le poing. La foule hue Vadier, qui, le dos courbé, laisse passer la tempête, et regarde, du coin de l’œil, avec une indifférence ironique et méchante.