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DANTON

employé les fonds secrets à vos plaisirs ; vous avez pressuré la Belgique et ramené de Bruxelles trois chariots de butin.

DANTON.

J’ai déjà répondu à ces sottes inventions. Quand j’étais ministre de la Révolution, on m’a déposé 50 millions : je le reconnais ; j’ai offert d’en rendre un compte fidèle. Cambon m’a donné 400 000 livres pour dépenses secrètes. J’en ai dépensé 200 000 à bureau ouvert. J’ai donné carte blanche à Fabre, à Billaud. Ces fonds ont été les leviers, avec lesquels j’ai soulevé les départements. — Quant à la ridicule histoire des serviettes de l’archiduchesse, rapportées de Belgique, et démarquées par moi, me prend-on pour un voleur de mouchoirs ? On a ouvert mes malles à Béthune ; on a dressé procès-verbal ; il n’y avait que mes hardes et un corset de molleton[P 1]. Ce corset effarouche-t-il la pudeur de Robespierre[P 2] ? Est-ce là ce qu’on me reproche ?

LE PRÉSIDENT.

La preuve de vos rapines est dans la large vie que vous menez depuis deux ans, et que votre médiocrité de fortune ne vous eût pas permise, si vous ne l’aviez engraissée des dépouilles de l’État.

DANTON.

Avec le remboursement de ma charge d’avocat aux conseils, j’ai acheté quelque bien dans le district d’Arcis. J’ai assuré de petites rentes à maman, à mon beau-père, à la brave citoyenne qui m’a nourri. Ces sommes n’excèdent pas la valeur de ma charge avant la Révolution. — Quant à la vie que j’ai menée à Paris ou Arcis, il se peut que je ne me sois pas astreint à une ignoble économie. Je n’oblige pas mes amis, quand je les reçois, à la soupe aux herbes de la mère Duplay[P 3]. Je ne sais pas plus lésiner pour moi


LE PEUPLE.
  1. Rires.
  2. Rires.
  3. Rires.